Face à la crise du logement qui prévaut dans le Grand Montréal et à l’accroissement alarmant de l’itinérance visible, Centraide s’est résolument engagé à faire face à ces deux enjeux cruciaux. En matière de logement, Centraide a joué un rôle de rassembleur, en mobilisant les partenaires pour trouver des solutions durables lors de l’événement Agir ensemble pour le logement. Sur la question de l’itinérance, un milieu en pleine tempête, Centraide a réagi promptement, en établissant plusieurs nouvelles collaborations et en accroissant considérablement ses investissements depuis 2021.
Sur la rue, dans les parcs, sous les viaducs et dans les refuges, de plus en plus de personnes sont confrontées à l’itinérance dans le Grand Montréal, une situation alarmante qui soulève des questions cruciales sur l’exclusion sociale.
L’itinérance est la forme la plus extrême et la plus manifeste de l’exclusion sociale. Vivre en situation d’itinérance, c’est vivre l’exclusion sous plusieurs formes : exclusion du travail, du logement, de la famille.
Revisitez notre article sur l’exclusion sociale.
Les parcours qui mènent une personne à l’itinérance sont variés. Ils sont le résultat de difficultés complexes qui débutent fréquemment dès l’enfance ou se révèlent à différentes étapes de la vie. Dans de nombreux cas, l’itinérance s’accompagne de problèmes de santé mentale ou de dépendances.
Les facteurs de risque de l’itinérance
- Les contextes familiaux problématiques
- La marginalisation et l’exclusion sociale
- Les faibles revenus
- Le coût des loyers et le manque de logements
- Les parcours migratoires difficiles
- Les problèmes de santé mentale
- La dépendance à l’alcool et aux drogues
- Les relations violentes
Parmi les personnes en situation d’itinérance, l’expulsion de leur logement et les obstacles pour en trouver un autre occupent le haut de la liste des raisons principales qui les ont conduites à la rue.
La vision du Mouvement pour mettre fin à l’itinérance à Montréal
Que toutes les personnes à Montréal ayant vécu l’itinérance chronique aient accès à un logement ; que toutes les personnes qui se retrouvent en précarité ou en situation de perte de logement à Montréal aient accès à un soutien immédiat ; que l’ensemble des acteurs collaborent et coordonnent leurs actions pour soutenir les personnes en situation d’itinérance ou de précarité.
Les chiffres explosent
Trois dénombrements ont eu lieu au cours des dix dernières années pour recenser les personnes en situation d’itinérance visible au Québec.
L’itinérance n’est plus un phénomène strictement lié au centre-ville de Montréal. Elle s’étend à plusieurs quartiers, ainsi qu’à Laval et sur la Rive-Sud.
L’île de Montréal est le secteur qui compte le plus grand nombre de personnes en situation d’itinérance au Québec. 47 % des 10 000 personnes recensées s’y trouvent. C’est la Rive-sud qui a connu la plus forte augmentation (98 %) entre 2018 et 2022.
Et c’est sans compter tous ceux dont la réalité est invisible.
La position du RAPSIM sur le dénombrement
« Nous le savons, le résultat de cet exercice est une photographie partielle de l’itinérance visible d’un moment donné à Montréal. Et comme sur chaque photo, il manque des éléments : le contexte, les personnes qui vivent de l’itinérance cachée, les réalités de la fluctuation saisonnière, la mobilité des personnes, etc. » 1
Deux visages de l’itinérance
L’itinérance visible
C’est celle des personnes qui sont à la rue, vivent dans des abris de fortune ou des immeubles désaffectés. Celle des personnes qui vivent dans les refuges ou les ressources d’hébergement. L’itinérance visible peut être cyclique, lorsque les personnes alternent entre un logement et la rue, ou chronique, chez les personnes qui n’ont pas occupé un logement depuis longtemps.
L’itinérance cachée
C’est celle des personnes qui dorment dans leur voiture, font du couchsurfing chez des amis ou se regroupent à plusieurs dans un appartement. Celle des personnes qui vivent dans un établissement de brève durée comme une maison de chambre ou un motel, ou qui sont forcées de demeurer dans un lieu où elles subissent des abus et de la violence.
Revisitez notre article sur l’itinérance cachée.
Le portrait selon les échos du terrain
- Partout, dans les refuges et les centres d’hébergement, on fait le même constat : la population en situation d’itinérance avance en âge.
- La proportion de femmes en situation d’itinérance augmente. Elle atteint 29 % en 2022, comparativement à 23 % en 2018.
- On note une surreprésentation des personnes autochtones, des hommes, des jeunes 2SLGBTQIA +, ainsi que des personnes ayant été placées par la Direction de la protection de la jeunesse ou ayant servi dans les Forces armées canadiennes ou la Gendarmerie royale.
- Sur l’île de Montréal, la population en situation d’itinérance visible est plus âgée que dans le reste du Québec et compte proportionnellement plus de personnes immigrantes et de demandeuses d’asile. De plus, ces personnes sont souvent confrontées à des périodes plus longues d’itinérance, dépassant souvent un an.
- 70 % des personnes en situation d’itinérance sur l’île de Montréal se trouvent dans les 5 secteurs suivants : arrondissement Ville-Marie, Le Plateau Mont-Royal, Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Le Sud-Ouest et Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce.
Quelques défis quotidiens des personnes en situation d’itinérance
- Trouver un lieu sûr et sécuritaire
- L’hiver, combattre le froid
- Avoir accès à de la nourriture
- Avoir accès à des toilettes publiques et autres infrastructures
- Gérer des problèmes de santé mentale et physique
- Obtenir des soins de santé et des services sociaux
- Lutter contre la discrimination et la stigmatisation
- Cohabiter dans l’espace public
Le soutien de Centraide
Une trentaine d’organismes communautaires appuyés par Centraide interviennent pour prévenir l’itinérance, ainsi que pour en atténuer les effets.
Nos investissements s’articulent autour de stratégies diversifiées auprès d’organismes qui offrent :
- Des services de prévention
- De l’accueil de jour et de nuit
- De l’intervention psychosociale
- Du travail de rue et de milieu
- Des interventions en cohabitation sociale
- Des plaidoyers et de la défense de droits
- De la formation aux intervenants
Se relever quand on a tout perdu, grâce aux ressources d’hébergement
Philippe vivait une vie paisible avec sa conjointe et ses deux enfants avant que la dépression ne vienne lui prendre tout ce qu’il avait. D’abord son travail et sa famille, puis ses biens et son appartement. La Casa Bernard-Hubert lui a permis de retrouver des repères, de se sentir chez lui pour se relever de sa dépression et reprendre sa vie en main.
Découvrez le témoignage de Philippe.
L’itinérance à Montréal : Au-delà des chiffres – 2e édition
Un ouvrage collectif coordonné par le Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM) et réalisé en collaboration avec 38 personnes issues du milieu de l’itinérance. À travers 20 portraits, il présente un regard sur les réalités géographiques et thématiques qui touchent l’itinérance à Montréal en 2023.
Notes :
1. Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM) (2023). L’itinérance à Montréal : Au-delà des chiffres – 2e édition. https://rapsim.org/au-dela-des-chiffres-revue/
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À go, on Centraide
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