2, 3, 5 fois plus pauvres
Et des défis qui appellent à l’action
Les risques de se retrouver en situation de pauvreté ne sont pas les mêmes pour tous.
L’appartenance à certains groupes — comme les minorités visibles — ainsi que des parcours de vie individuels, tels que l’immigration, la monoparentalité, le fait de vivre seul ou l’absence de diplôme d’études secondaires, sont autant de facteurs qui augmentent les risques de pauvreté. Ces risques peuvent atteindre deux, trois, voire cinq fois la moyenne, confrontant ainsi ces personnes à des obstacles et à des défis souvent difficiles à surmonter sans soutien.
Ces groupes plus à risque sont surreprésentés dans le Grand Montréal, en particulier sur l’île de Montréal. Une meilleure compréhension de leurs réalités nous permet de proposer des solutions mieux adaptées à leurs besoins, en collaboration avec le réseau d’organismes communautaires que nous soutenons.
Seuil de pauvreté selon les populations
La MPC : un seuil minimal
Les taux de pauvreté présentés sont établis selon la MPC (Mesure du panier de consommation), mesure officielle de la pauvreté au Canada. La MPC est fondée sur le coût d’un panier de biens et de services couvrant les besoins de base : le logement, l’alimentation, l’habillement, le transport et les autres nécessités. Elle est calculée selon la région et le nombre de personnes dans le ménage.
La MPC représente un seuil minimal : être légèrement au-dessus ne signifie pas que l’on échappe à la pauvreté. Les personnes proches de ce seuil sont également en situation de précarité.
Les informations présentées dans cette section proviennent du Recensement de 2021, des données de la SCHL sur le logement, ainsi que des statistiques provinciales sur l’immigration.
Les personnes
immigrantes
et les résidents
non permanents
Taux de pauvreté des résidents non permanents 5 X + élevé que l’ensemble de la population (7,5 %).
Taux de pauvreté des immigrants récents 2,5 X + élevé que celui des non-immigrants (6 %).
Faits saillants
Les résidents non permanents (travailleurs temporaires, étudiants internationaux et demandeurs d’asile) forment le groupe le plus à risque de pauvreté.
Le nombre de résidents non permanents a plus que doublé au Québec au cours des quatre dernières années pour atteindre plus de 500 000 personnes en 2024.
79 % des résidents non permanents du Québec s’établissent dans le Grand Montréal.
Les quartiers montréalais qui accueillent le plus de résidents non permanents sont Le Plateau-Mont-Royal (15 915 personnes), Côte-des-Neiges (13 955 personnes) et Peter McGill (11 360 personnes). 20 % des résidents non permanents du Québec s’y établissent.
On remarque que le taux de pauvreté des personnes immigrantes diminue à mesure que leur durée d’établissement s’allonge. En d’autres termes, plus elles restent longtemps, plus leur situation économique s’améliore.
Taux de pauvreté selon le statut d’immigration
Les personnes
issues d’un groupe de
minorités visibles
Taux de pauvreté 2 X + élevé que celui des personnes n’appartenant pas à des groupes de minorités visibles (6 %).
Faits saillants
Plus du quart (27 %) de la population du Grand Montréal appartient à un groupe de minorités visibles. Ce taux grimpe à 38 % sur l’île de Montréal.
Les personnes appartenant à un groupe de minorités visibles, qu’elles soient immigrantes ou non, risquent davantage d’être confrontées à la pauvreté.
Le fait d’être à la fois immigrant et d’appartenir à un groupe de minorités visibles accroît le risque de pauvreté.
Parmi les personnes nées au Canada, l’écart de pauvreté tend à se réduire entre les personnes appartenant à un groupe de minorités visibles et celles n’appartenant pas à ces groupes.
Taux de pauvreté selon le statut d’immigration
et l’appartenance ou non à un groupe de minorités visibles*
*La population des minorités visibles est principalement composée des groupes suivants : Sud-Asiatique, Chinois, Noir, Philippin, Arabe, Latino-Américain, Asiatique du Sud-Est, Asiatique occidental, Coréen et Japonais.
Les personnes
vivant seules
Taux de pauvreté 5 X + élevé que celui des couples et des familles biparentales (3 %).
Faits saillants
Au Québec, 35 % des ménages sont composés d’une seule personne. C’est la province ayant le taux le plus élevé au Canada.
Dans certains quartiers centraux de Montréal, plus de 50 % des ménages sont composés d’une seule personne. C’est dans le quartier Faubourg Saint-Laurent* que l’on retrouve la proportion la plus élevée (61 %).
84 % des ménages bénéficiaires de l’aide sociale sont composés d’une seule personne.
36 % des personnes vivant seules consacrent une trop large part de leur revenu pour se loger (30 % ou plus de leur revenu), ce qui est bien davantage que les couples (11 %) et les familles biparentales (7 %).
65 % des personnes vivant seules sont locataires.
* Quartier du centre-ville comprenant le Quartier latin, le Quartier chinois et le Quartier des spectacles.
Taux de pauvreté et taux d’effort des ménages*
*Le taux d’effort mesure la part du revenu d’un ménage consacrée aux dépenses de logement. Lorsqu’il dépasse 30 %,
il devient difficile pour le ménage de couvrir d’autres besoins essentiels comme la nourriture, les vêtements ou les transports.
Les familles
monoparentales
Taux de pauvreté 3,5 X + élevé que celui des familles biparentales (3 %).
Faits saillants
Plus de la moitié (55 %) des familles en situation de pauvreté sont monoparentales, soit 19 965 familles, contre 15 320 familles biparentales.
78 % des familles monoparentales sont dirigées par des femmes.
Dans le Grand Montréal, c’est dans le Vieux-Longueuil que l’on retrouve le plus grand nombre de familles monoparentales (7 020 familles).
À Montréal, six quartiers affichent des taux de monoparentalité de 40 % et plus : Sainte-Geneviève, Saint-Henri, Petite-Bourgogne, Pointe-Saint-Charles, Centre-Sud et Montréal-Nord.
Taux de pauvreté des familles
Nombre de familles en situation de pauvreté
Les personnes
sans aucun diplôme
Taux de pauvreté presque 2 X + élevé que celui des personnes ayant un diplôme d’études secondaires ou collégiales (8 %).
Faits saillants
Le diplôme d’études secondaires ou collégiales constitue un puissant facteur de protection contre la pauvreté, réduisant de moitié le risque de vivre sous le seuil de faible revenu.
Dans le Grand Montréal, 10 % des adultes de 25 à 64 ans n’ont pas de diplôme d’études secondaires.
Les personnes sous-scolarisées sont non seulement plus à risque de pauvreté, mais peinent à atteindre des niveaux de revenu d’emploi moyens ou élevés, même lorsqu’elles travaillent.
Les personnes de 25 à 64 ans sans diplôme qui occupent un emploi gagnent en moyenne 62 % du revenu d’emploi moyen, soit 33 600 $ comparativement à 54 350 $.
Les universitaires gagnent plus du double de ce que gagnent les personnes sans diplôme, avec un revenu d’emploi moyen de 74 800 $ contre 33 600 $.
Sur le territoire de Centraide du Grand Montréal, on observe des taux de sous-scolarisation particulièrement élevés en milieu rural. C’est la municipalité de Noyan, dans la MRC Le Haut-Richelieu, qui affiche le taux le plus élevé d’adultes n’ayant pas de diplôme (29 %).
À Montréal, les quartiers les plus concernés sont Parc-Extension (27 %), Saint-Michel (24 %) et Montréal-Nord (22 %).
65 % des personnes sous-scolarisées de 18 à 64 ans sont locataires.
Même pour les personnes n’étant pas en situation de pauvreté, la sous-scolarisation ou le fait de n’avoir aucun diplôme a un effet notable sur le revenu et l’accumulation de patrimoine.
Taux de pauvreté selon la scolarisation (18-64 ans)
Revenu d’emploi moyen au Québec selon le niveau de scolarité
(25-64 ans)*
*Données 2020
Zoom sur d’autres groupes vulnérables
Les informations suivantes permettent d’élargir notre perspective en dévoilant les réalités et les besoins d’autres groupes, notamment les personnes en situation de handicap, les personnes 2ELGBTQIA+, les personnes autochtones, et les personnes en situation d’itinérance.
Au Canada, le risque d’insécurité alimentaire des personnes qui ont des limitations est plus de deux fois plus élevé que celui des personnes n’ayant pas d’incapacité. Le risque d’être en situation d’insécurité alimentaire grave est quatre fois plus élevé.
Au Québec, les personnes 2ELGBTQIA+, particulièrement les jeunes, font face à un risque accru d’itinérance.
16 % des personnes en situation d’itinérance déclarent appartenir à une minorité sexuelle ou de genre. Chez les jeunes, cette proportion grimpe à 29 %.
Dans le Grand Montréal (hors Kahnawà:ke), 10 % des personnes autochtones vivent en situation de pauvreté, un taux supérieur à celui de l’ensemble de la population (7,5 %). Parmi les Autochtones (Premières Nations, Inuits et Métis), les Inuits ont le taux le plus élevé de pauvreté (17 %).
À Montréal, 13 % des personnes en situation d’itinérance s’identifient comme Autochtone, alors qu’elles ne représentent que 1 % de la population.
80 % des Inuits en situation d’itinérance au Québec se trouvent à Montréal.
Le tiers (31 %) des personnes en situation d’itinérance n’ont pas de diplôme d’études secondaires.
Les personnes autochtones, les hommes, les jeunes 2ELGBTQIA+, ainsi que les personnes ayant été placées par la Direction de la protection de la jeunesse ou ayant servi dans les Forces armées canadiennes ou la Gendarmerie royale, sont surreprésentés parmi les personnes en situation d’itinérance.
Sur l’île de Montréal, la population en situation d’itinérance visible est plus âgée que dans le reste du Québec et compte proportionnellement plus de personnes immigrantes et de demandeuses d’asile. De plus, ces personnes sont souvent confrontées à des périodes plus longues d’itinérance, dépassant souvent un an.